LA FERME AU TEMPS DU COVID 19

07/05/2020 | Edito

C’était le 18 mars à midi, la Jardinerie et l’Epicerie fermaient leurs portes, l’Estaminet avait cessé ses activités depuis le samedi 14, pour la première fois des barrières heras interdisaient l’entrée du parc. Toute la Ferme était fermée et la majorité de nos collègues mis en chômage temporaire. La Belgique entrait en confinement et nous aussi.

Ce fut le début d’une période bien étrange. Il nous a fallu à toutes et tous sortir de nos zones de confort, que ce soit en restant chez nous pour la majorité ou en venant travailler pour une poignée d’entre nous. Nous sortions d’un hiver doux et pluvieux et un soleil insolant a pointé ses rayons, dès les débuts de cette période, pour imposer un printemps éclatant. Un printemps où pour la première fois, les allées du parc et la cour n’ont pas retenti des cris des enfants. Les événements étaient annulés, les ateliers et les stages aussi et nul ne pouvait dire combien de temps cela allait durer.
Aujourd’hui, certaines de nos activités ont repris et nos travailleuses et travailleurs reprennent progressivement leur travail dans nos différentes sections.
La Jardinerie et l’Epicerie-Boulangerie Bio accueillent à nouveau les clients et nous avons adopté toute une série de mesures afin d’imposer les distances de sécurité, faire respecter des règles strictes d’hygiène et surtout, surtout, protéger tous nos collègues.
La Ferme retrouve donc progressivement son visage d’antan, même si l’ensemble de nos sourires restent prudemment masqués.
Personne ne sortira indemne de cette période inédite et bien malin qui, aujourd’hui, pourrait nous dire avec précision à quoi ressemblera le monde de demain, dans quelle société nous évoluerons dans quelques mois, quand nous pourrons à nouveau serrer nos proches dans nos bras. Dans cette newsletter, nous avons envie de partager avec vous quelques moments vécus lors de ces dernières semaines, quand tout se déroulait à huis-clos derrière les barrières qui clôturaient la Ferme.
Dès le lendemain du 18 mars, à la Ferme, les choses se sont organisées pour maintenir l’outil, soigner les animaux, entretenir les terrains, assurer le suivi administratif et être présent pour répondre aux appels des travailleuses et des travailleurs chez qui cette situation inédite provoquait beaucoup de questionnements et parfois une certaine angoisse.
Celles et ceux qui sont venus travailler à la Ferme dans les débuts ont dû prendre leurs marques, trouver la juste distance pour travailler sans peurs.
Rien n’était simple, ni pour ceux coincés chez eux, ni pour ceux qui se déplaçaient jusqu’ici. L’on a vu alors que cette fameuse « résistance au changement » dont on parle souvent dans les entreprises ne survivait pas à ces circonstances exceptionnelles, en tout cas pas à la Ferme. En petit groupe, par obligation, on a ainsi pu découvrir nos collègues différemment, échapper parfois aux infos anxiogènes dont les médias nous abreuvaient ad nauseam.
Venir travailler c’était, pour quelques-uns, devoir aussi gérer dans son foyer, sa famille, les angoisses des proches. Rester chez soi c’était, pour quelques autres, être privés de contacts humains, de repères. Il y aura autant d’histoires vécues « Covid 19 » que de réalités individuelles.
On retiendra de ces premiers jours de travail les distances que l’on gardait les uns envers les autres, les saluts de loin, le masque quasi omniprésent, le gel désinfectant qu’on trouvait un peu partout dans nos bureaux et nos lieux de passage, les files à la Jardinerie, et le parc qui restait désespérément vide des cris et des jeux des enfants.
On retiendra les leçons de tout ce que l’on a essayé pendant ces temps incertains, on n’oubliera ni les bonnes idées, ni les moins bonnes. On retiendra aussi ces moments où l’on rajoutait des tables dehors pour pouvoir manger à juste distance, notre collègue Bruno qui passait prendre les commandes de frites ou de pizzas pour tout le monde, Vincent le DRH, Gaëtan l’assistant social et tous les moniteurs qui ont passé des heures au téléphone à rassurer ceux qui étaient coincés chez eux, les coups de mains que tout le monde a donné à tout le monde quand il le fallait, les moments d’écoute quand l’un de nous avait un coup de mou, les questions que tout le monde se posaient sur la sortie de crise, les inquiétudes économiques pour la majorité d’entre nous, les difficultés qu’on éprouvait dans les premiers temps avec les masques (ça tire sur les oreilles, on a du mal à respirer…)
On retiendra aussi les inquiétudes pour la santé économique de la Ferme, contrebalancées par la confiance dans la vision de ceux qui la dirigent, les moments de rire qui maintenaient l’angoisse à distance, la chance de ne pas connaître de disparition due à la maladie pour l’ensemble du personnel, les collègues du pôle alimentation durable qui découvraient le travail que cela représente de fabriquer des biscuits et qui n’en sont que plus admiratifs du boulot fait par nos gars, les consignes de sécurité répétées inlassablement et qui devront être maintenues longtemps, Hugo serveur à l’Estaminet qui regarde la salle 2 de notre restaurant à travers les vitres et qui dit « ça me manque… », les températures quasi estivales de certains jours de ce printemps, les histoires qui se murmurent autour de nos familles, nos enfants, nos inquiétudes, nos espoirs.
On retiendra aussi notre immense espoir que la société d’après Covid ressemble aux valeurs que nous défendons depuis si longtemps, que nos sociétés respectent plus l’environnement, que les consommateurs se tournent vers le local, le bio, l’éthique, le durable, que des leçons positives de solidarité et d’empathie puissent émerger de toutes ces semaines, voire mois, difficiles.
On se souviendra aussi qu’on a pensé très fort et souvent aux autres asbl Pilifs et à la situation de celles et ceux qui les fréquentent et qui se retrouvaient confinés loin de leurs repères, si nécessaires pour ces jeunes ou adultes en situation de handicap.
Nous voici entrés en temps de déconfinement, ce n’est pas encore l’heure de faire quelque bilan que ce soit, il y a encore tant de choses inédites à vivre mais, en ce qui nous concerne, nous n’oublierons pas de sitôt la chance que nous avons eue de vivre ces moments ensemble, que ce soit sur le site ou à distance, unis plus que jamais autour de ce magnifique projet qu’est la Ferme.
On espère vous revoir vite !

 

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